La désespérance d'un ex-salarié de SEQUANA met en lumière les responsabilités.
Mardi 23 avril, la gendarmerie de la Charte-sur-Loir a constaté le suicide d'un ex-salarié d'ARJOWIGGINS. Ce père de famille, agé de 53 ans, faisait partie des 568 salariés de l’usine ARJOWIGGINS de Bessé-sur-Braye qui viennent de se voir notifier leur licenciement. Il travaillait depuis plus de 25 ans dans le secteur "finition". Nous présentons nos condoléances à sa famille dans ces circonstances particulièrement douloureuses.
Bien qu'il n'ait pas laissé de lettre pour expliquer les motifs de son acte, pour des représentants du personnel, le lien avec la fermeture de l'usine laisse peu de place au doute. "On lui avait dit, au PDG de SEQUANA, qu'il allait ouvrir un cimetière à Bessé" a rappelé un délégué syndical.
La partie émergée de l'iceberg de souffrances générées par la gestion désastreuse de SEQUANA
Cette gestion calamiteuse a touché et touche des milliers de personnes :
- les salariés qui ont perdu leur emploi, et de ceux qui subissent les conséquences de la fermeture de cette usine (sous-traitants et autres acteurs économiques de la région qui sont impactés),
- les actionnaires qui ont perdu les économies qu'ils avaient placé dans le groupe SEQUANA,
- et pire, les salariés ayant perdu emploi et aussi leurs économies suite aux plan d'investissement ouvert par la direction de SEQUANA qui avait encouragé en 2009 les salariés à placer leurs économies en actions de l'entreprise.
Tout a-t-il été tenté comme voudraient nous le faire croire les représentants de l'Etat ?
Devant la situation tendue de SEQUANA, l'Asamis avait alerté le CIRI et fait lors d'une entrevue à Bercy le 26 juin 2018, des propositions pour le redressement de la situation.
Toutefois, les dirigeants de CIRI ont opté pour l'inaction.
Suite à nos courriers à la BPI et au CIRI (comité interministériel de restructuration industriel) nous avons obtenu une rencontre à Bercy le 26 juin 2018 avec le secrétaire général et son adjoint.
Précisons que le CIRI a une large autonomie de décision et de moyens pour contribuer au redressement des entreprises plus particulièrement industrielles et à la sauvegarde des emplois.
Il est intervenu lors de la restructuration de SEQUANA en 2015 puis plus récemment pour favoriser la reprise d'ARJOWIGGINS Security et notamment de l'usine de Crèvecoeur. Nous avions attiré son attention sur le devenir problématique des usines d'ARJOWIGGINS qui ont souffert d'un sous-investissement notable pendant des années...
Nous vous communiquons les textes des réponses tant de la BPI que du Ministère. Vous n'y apprendrez rien mais vous pourrez apprécier leur façon élégante d'opposer une fin de non-recevoir à nos demandes pour que l'état intervienne (via notamment les administrateurs de la BPI).
Citons notre demande pour que l'Etat cesse son soutien à la rémunération indécente du PDG. On nous rappelle opportunément qu'elle n'est dépendante que du Conseil d'administration aussi n'avons nous pas à espérer que celui-ci la révise à la baisse jusqu'à ce qu'il lui octroie son indemnité de départ d'environ 2.2 millions d'euros (1.5 fois sa rémunération annuelle).
M. Pascal Lebard pourra prendre ainsi une retraite confortable après avoir conduit la destruction progressive du groupe...et en ayant entraîné avec lui tous les actionnaires dans ce qui ressemble à une très longue agonie....
Au final les dirigeants de SEQUANA ne peuvent que remercier Mme Renaud-Basso, directrice du Trésor, M. Dufourcq DG de BPI France et de M. Bruno Le Maire pour leur réponses diplomates et sans conséquence.
La seule réponse de la BPI : une stratégie de démission sur toute la ligne
La Banque Publique d'Investissement qui a réalisé en 2018, un résultat net de plus d'UN MILLIARD d'EUROS de bénéfice net, veut nous faire croire qu'elle a tout tenté. En fait, la seule chose positive qu'elle ait fait, a été de démissionner de ses mandats d'administrateur le 24 juillet 2018 pour éviter d'être mise en cause pour prise illégale d'intérêts en raison du conflit d'intérêts entre son rôle de principal actionnaire, principal prêteur.
Mais cela ne l’absous pas pour son rôle antérieur de soutien inconditionnel et irresponsable à la gestion désastreuse de Pascal Lebard et de son conseil d'administration ! Non cela ne l'excuse pas d'avoir voté à ce PDG en 2018 une rémunération scandaleuse de 900.000 € de fixe + le doublement de sa part variable de 225.000 € à 450.000 € alors que le groupe faisait de lourdes pertes ! Non, la BPI ne s'est pas opposée à la perception d'importants jetons de présence aux administrateurs (650.000 €) : elle les a votés et en a profité au titre de ses administrateurs !
La BPI veut faire croire "qu'elle a plutôt perdu de l'argent" en soutenant SEQUANA mais c'est oublier un peu vite les garanties qu'elle a prises pour s'assurer d'être remboursée de ses prêts à 12 et 14% ! C'est oublier un peu vite qu'elle a pu réduire son impôt sur les sociétés d'environ 60 Millions d'euros en provisionnant l'intégralité de sa créance.
Non la BPI n'a pas été exemplaire et d'ailleurs c'est ce qui a justifié la plainte déposée le 3 janvier 2019 par notre association auprès du Parquet National Financier.
Qu'a fait la BPI pour aider à trouver un repreneur ? Elle a laissé Pascal Lebard conduire les négociations comme il avait su le faire antérieurement pour la branche ARJOWIGGINS security...qui a abouti à un désastre pour la majorité des salariés de ce secteur et notamment de l'usine de Crèvecoeur. Une cession honteuse à une société suisse n'ayant aucune référence dans le secteur et qui n'avait aucun plan de gestion pour redresser l'entreprise !
Actuellement que fait-elle ? Seulement soutenir le missionnement très onéreux de Goldman Sachs pour trouver un repreneur à ANTALIS dont elle est le virtuel actionnaire majoritaire ? La BPI se soucie-t-elle de ses responsabilités vis à vis des 5.000 salariés d'ANTALIS et des milliers d'actionnaires minoritaires (12.000 environ) ?