MBWS : des résultats 2022 positifs et porteurs d’avenir mais en partie occultés
Une lecture rapide des résultats 2022 pourrait laisser croire qu’ils sont décevants. En fait, cette présentation porte la signature de la gestion qui a assuré le succès du groupe « COFEPP », dont l’un des maîtres mots est la discrétion. L’ASAMIS estime donc nécessaire de restituer la belle performance de MBWS qui dans un contexte difficile a su dégager des résultats permettant d’absorber les dernières séquelles coûteuses du redressement. Certes une analyse approfondie nécessitera l’examen du rapport annuel mais d’ores et déjà, l’ASAMIS vous invite à mieux apprécier la situation de MBWS.
1 – Des résultats qu’il faut décoder pour les apprécier
Les résultats 2022 peuvent sembler décevants par rapport à la progression affichée du CA sur la période, mais une approche attentive du communiqué de MBWS permet une autre lecture.
La marge brute a progressé de +1,3M€ en 2022 à 70,9M€ contre 68,6M€ en 2021 mais moins vite que le CA et elle s’est donc dégradée en pourcentage (à 39,1% contre 41,1%). L’impact de l’inflation des coûts et des matières, compensés en partie par l’augmentation des prix facturés, explique cette diminution relative.
L’EBITDA 2022 courant progresse de +2,3M€ (+24%) en valeur comparable : en effet, la baisse affichée de -0,8M€ à 11,8M€ se compare à une valeur 2021 gonflée de 3,1M€ par la remise exceptionnelle d’un fournisseur. En 2021, l’EBITDA courant était donc de 12,6 – 3,1 = 9,5M€.
MBWS explique (note 1 du communiqué) avoir changé sa méthodologie de calcul en 2022 en y intégrant les provisions sur actifs circulant : on ne comprend pas pourquoi les provisions n’étaient pas prises en compte précédemment (l’EBITDA réintégrant par définition les mouvements de provision afin de montrer le cash dégagé par l’exploitation en réintégrant les impacts liés aux provisions et aux amortissements qui n’impactent pas la trésorerie et sont des choix de l’entreprise). Il faut aussi préciser que si les dotations aux amortissements et provisions sont réintégrées dans le calcul de l’EBITDA, les reprises sur amortissements et provisions en sont bien entendu retranchées.
En opérant son changement de méthodologie, MBWS indique avoir sous-estimé son EBITDA 2021 qui aurait dû être de 13,0M€ (note 1) au lieu de 12,6M€. Mais elle ne précise pas quel serait l’EBITDA 2022 calculé selon l’ancienne méthodologie ! Tout porte à croire que cet EBITDA serait supérieur à celui affiché de 11,8M€. La lecture des communiqués 2020-21-22 permet de voir la décorrélation opérée en 2022 par rapport à l’ancienne méthodologie.
source : MBWS
Dit autrement, avec sa nouvelle méthode de calcul, MBWS a sous-estimé son EBITDA 2021 mais encore plus son EBITDA 2022, à méthode comparable.
Le résultat opérationnel courant 2022 progresse également de +24% à 7,1M€. Mais il est ensuite littéralement plombé par 5,2M€ de charges opérationnelles « non courantes » nettes (contre 0,1M€ en 2021) sans aucune explication dans le communiqué. Le plan social des équipes commerciales et l’indemnité de départ de Andrew Highcock ont certes été versés en 2022 mais n’étaient-ils pas provisionnés ? Quels postes expliquent ce montant très élevé ?
Un résultat financier (-0,2M€) et fiscal (-2,6M€) à préciser : malgré 45M€ de cash (et moins de 7M€ de dette financière), MBWS réussit l’exploit d’enregistrer plus d’intérêts payés (198K€) que d’intérêts reçus (113K€) ! De même, MBWS a supporté en 2022, une charge de 2,6M€ d’impôt sur les sociétés contre 0,75M€ en 2021 malgré la baisse de son résultat net et en dépit d’un déficit fiscal reportable considérable (270M€).
Le résultat net est finalement une perte de -0,9M€ mais qui ne reflète absolument pas les résultats courants très satisfaisants d’une gestion rigoureuse et prudente. Cette dernière a fait ses preuves dans le groupe « COFEPP » aussi l’ASAMIS voit-elle dans ces résultats, des éléments porteurs d’avenir lorsque la rentabilité sera allégée des impacts non récurrents de la restructuration.
2 – La situation financière de MBWS déjà solide, se renforce encore
Par ailleurs, MBWS continue de générer une forte trésorerie d’exploitation malgré l’explosion affichée du besoin en fonds de roulement : l’augmentation des « stocks de sécurité » et des autres actifs d’exploitation a mobilisé 21,6M€ de cash au 31/12/2022 (16,8M€ pour les seuls stocks). Malgré cela, la trésorerie de l’exercice n’a baissé que de -6,7M€, ce qui signifie que MBWS dégage une trésorerie naturelle proforma (hors BFR) de +15M€. On peut comprendre la grande prudence du management sur ce sujet et considérer également que cet effet ne se reproduira pas, voire sera réversible dans un contexte économique moins difficile.
A l’Actif du bilan, l’augmentation des stocks et créances clients est donc considérable (+24,4M€ soit une augmentation de +34% sur 2021) et la trésorerie disponible demeure pléthorique à 47,5M€ contre 54,2M€ fin 2021.
Au Passif du Bilan, on constate l’augmentation du crédit fournisseurs (+5,6M€) qui vient atténuer en partie l’augmentation du besoin de fonds de roulement de l’actif. La diminution de 1,6M€ des provisions non courantes (a priori réintégrées à l’occasion du plan social des forces commerciales) était annoncée mais les provisions courantes bondissent de 112% à 5,4M€ contre 2,5M€ en 2021 sans en connaitre la raison. Est-ce à mettre en miroir des 5M€ de charges inexpliquées dans le compte de résultat ?
Conclusions
Au global, la déception du premier regard ne trouve qu’un appui limité à l’érosion somme toute assez modeste du taux de marge brute de -1% en 2022 et ce dans un contexte d’inflation des coûts et des matières. Les autres indicateurs de rentabilité sont excellents (résultat opérationnel courant : +24%)…
Bien sûr l’irruption de charges non courantes élevées (-5M€) et de résultats financier et fiscaux qui interrogent (-2,8M€) sont des éléments pénalisants auxquels le communiqué n’apporte pas de réponse et sur lesquels les actionnaires sont en droit de demander plus d’information.
D’ailleurs dans cet esprit, l’ASAMIS regrette que la discrétion caractéristique du groupe COFEPP aille jusqu’à ne communiquer aucun élément précis aux actionnaires minoritaires sur la mise en œuvre d’une stratégie de croissance et de l’utilisation du cash qu’ils ont apporté lors de la dernière augmentation de capital début 2021, au-delà d’une déclaration d’intention minimaliste.
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