Les actionnaires d’ANTALIS seront-ils floués au profit de la raison d’Etat, avec la duplicité des dirigeants du Groupe ?
Un projet de conversion des dettes en actions, accompagné d’un abandon de créances, avec à la clé une forte dilution des actionnaires se prépare-t-il ?
Goldman Sachs s’est vue confier, en mars de cette année, le reclassement de la participation de Sequana dans Antalis. Pourtant, peu après cette information encourageante pour l’avenir d’Antalis, un article, semble-t-il bien informé, publié par Challenges.fr fait état d’un projet tout autre. Extrait (en gras, le projet évoqué).
Le groupe, compte tenu des difficultés de sa maison-mère a été mis en vente et un communiqué précise "Antalis poursuit, avec l'appui de la banque d'affaires Goldman Sachs, le processus de recherche d'une nouvelle structure actionnariale".
Le processus en question implique bien sûr Sequana et son administrateur judiciaire Hélène Bourbouloux.
Cotée en Bourse, Antalis, dont la cotation n’a pas été suspendue à la différence de celle de Sequana est valorisée 76 millions d’euros. L’un des plans à l’étude consisterait à permettre aux créanciers, notamment BNP Paribas, qui s’est adjoint les conseils de DC Advisory sur ce dossier, de faire leur entrée au capital en échange d’un abandon de dettes. (Challenges.fr)
Quelle est la position de la direction d’Antalis ?
Depuis l'introduction en bourse, en juin 2017, la direction d’Antalis a publié régulièrement sur la situation de l’endettement.
Après l’échec d’un refinancement, dont la tentative était déjà menée par Goldman Sachs avec de considérables coûts à la clé, la direction a pu enfin annoncer, dans une sorte de communiqué de victoire, avoir refinancé jusqu'au 31.12.2021, soit dans plus de deux ans et demi.
Lors de la publication des résultats 2018, Antalis a indiqué :
Les ratios des lignes de crédit syndiquées ont été respectés au 31 décembre 2018 :
- Endettement financier net / EBITDA = 3,90 (critère ≤ 4,30)
- ROC / charge d'intérêts nette = 2,71 (critère ≥ 2,55)
C’est le taux d'intérêt prohibitif et spoliateur de sa dette qui pose problème à Antalis, et non son volume global. Pour comparaison, la dette de Véritiv, n°1 mondial, représente plus de 12 fois l’EBIT prévu en 2019, alors que le ratio est de 5 fois pour Antalis.
Ces taux prohibitifs pouvaient éventuellement se justifier avec une maison-mère en difficulté financière patente. Toutefois, si Antalis est rachetée par une entreprise puissante, ledit taux s'alignera sur celui de la dette de cette entreprise, probablement très faible, et rendra caduc le problème de la dette.
Une recapitalisation via un échange debt/equity n'est absolument nécessaire, pour l'heure du moins.
Elle l'est d'autant moins qu'un acquéreur puissant, que nous souhaitons tous voir entrer au capital, devrait être trouvé, rapidement espérons-le, par Goldman Sachs.
La seule justification d'une telle recapitalisation serait politique et en conséquence inacceptable.
Car une dilution massive triplant ou quadruplant le nombre d'actions en circulation permettrait effectivement, certes, de réduire à peu de chose la dette d'Antalis, mais permettrait, surtout, à Bpifrance Participations de convertir la totalité de sa dette vis-à-vis de Sequana en actions Antalis sans pour autant franchir le seuil de 30 %, le tout – et ce serait là le côté machiavélique du dispositif – en ne laissant pas un cent disponible au niveau de Sequana pour le paiement du litige avec BAT !
Les actionnaires d’Antalis seraient alors les énièmes victimes d’une politique d’Etat qui a déjà, contrairement aux dires de BPI, contribué à ruiner Sequana, ses salariés et ses actionnaires.
Défendre l’intérêt d’une entreprise, de ses salariés et de ses actionnaires ne consiste pas à alimenter à fonds perdus un véritable tonneau des Danaïdes ; cela consiste à mettre en place des dirigeants visionnaires et efficients, ce que n’a jamais fait BPI malgré sa position au capital et au Conseil d’Administration.