Lettre ouverte à BPI Investissements

Cher Actionnaire,

L'Asamis a envoyé une lettre à Eric LEFEBVRE Directeur BPI Investissements (copie M. Nicolas DUFOURCQ Directeur général BPI) et la transforme en lettre ouverte du fait du poids représentatif de la BPI et de l'Asamis au regard des pouvoirs détenus à l'assemblée générale 2017.

Monsieur,

L’ASAMIS demeure le second actionnaire derrière BPI Participations, de SEQUANA (15,42% du capital) et de sa filiale ANTALIS INTERNATIONAL (6,5%). Nous reconnaissons que la BPI a joué un rôle majeur dans la restructuration de ce groupe et même déterminant pour la continuité de son exploitation. L’ASAMIS votera donc pour la reconduction des administrateurs de la BPI. A la lecture du document de référence publié le 28 avril, nous avons toutefois quelques interrogations sur la stratégie de la BPI.

En page 76 nous notons que BPI Participations a accordé un total de prêts de 59 M€ et Impala 1,65 M€ donc au total 60,75 M€ qui sont nantis par 43.555.165 actions Antalis, totalisant 60,33% du capital, essentiellement au profit de la BPI. Ces garanties, au cas où elles seraient appelées à être exercées, -ne le seraient-elles pas aux dépens des actionnaires minoritaires ?

D’autre part, les prêts octroyés par BPI Participations : 47 M€ sont consentis à un taux de 12% l’an avec les intérêts payables en fin de période et capitalisés. Le reste est à 10%. Ce sont des taux qu'on pourrait qualifier de "ruineux". Ils sont supérieurs même à ceux qui auraient été pratiqués en "junks bonds". Par leur coût, ils pourraient contribuer eu égard à la faible rentabilité de l’entreprise (que vous ne pouvez ignorer étant administrateur) à son éventuelle défaillance. Cependant nous espérons vivement que BPI Participations a consenti ces prêts en relais à court terme sur une solution plus pérenne et qui rentre par ailleurs dans son rôle : trouver des partenaires investisseurs.

Nous souhaitons enfin vous faire part de notre désaccord sur le soutien apporté par le Conseil d’Administration à la rémunération variable de M. Pascal Lebard, PDG. Selon les dispositions votées, elle peut atteindre 100% de sa rémunération fixe annuelle (900.000 €) pour autant que des critères quantitatifs (40%) et qualitatifs (60%) soient atteints.

Le Conseil d’Administration dans sa séance du 9 avril a constaté que les critères opérationnels et financiers quantitatifs n’étaient pas remplis. Le document de référence publié le 28 avril – le lendemain de la clôture du dépôt des résolutions ! – en témoigne en page 65. En fait la situation de l’entreprise est très difficile : perte de 115 millions € en 2017, après des pertes élevées antérieurement.

Il est spécifié aussi que le Conseil a constaté qu’une partie seulement des critères qualitatifs…pouvait être considérée comme satisfaite. Toutefois le Conseil a accordé au final 50% de rémunération variable soit 450.000 € (contre 225.000 € l’année précédente). Nous considérons qu’il s’agit d’une évolution choquante par rapport à celle de la situation et de la valorisation de l’entreprise.

En fait, nous estimons qu’aucun des critères qualitatifs énoncés n’a été vraiment rempli :

  • réalisation réussie de l’introduction en bourse d’Antalis et monétisation d’Antalis à travers de nouveaux financements pour Sequana, représentant 30 % du montant total de la rémunération variable. Notre constat : Introduite à 3 € l’action ne vaut que 1,6 € soit - 47% moins d’un an après !
  • évolution satisfaisante de la stratégie du groupe Arjowiggins accompagnée d’une issue aux problèmes rencontrés par Arjowiggins Security, représentant 30 % du montant total de la rémunération variable. Notre constat : L’évolution de la stratégie du groupe Arjowiggins ne doit rien à une action quelconque de M. Lebard en 2017 : elle résulte d’actions entièrement engagées. Enfin la cession d’Arjowiggins Security s’est faite après une recapitalisation coûteuse et avoir dû assumer 33 M€ de pertes en 2017 !

Par ailleurs, nous sommes aussi en désaccord avec la position du CA sur la dérogation répétée au code AFEP-MEDEF ». SEQUANA énonce qu’elle respecte tous les critères à l’exception du poids de la rémunération variable octroyée principalement selon des critères qualitatifs plutôt que quantitatifs. Cette dérogation permet d’octroyer la rémunération variable précitée alors que le résultat de l’entreprise n’a jamais été aussi mauvais et sa situation aussi difficile.

Enfin, nous dénonçons le parachute doré voté par le Conseil d’Administration en cas de cessation du contrat de M. Lebard : 1,5 fois sa rémunération annuelle de référence (intégrant sa rémunération variable). Sous la direction de M. Lebard depuis 12 ans, la valorisation de la société a chuté de 99%.

Faute d’avoir pu échanger sur les motivations de nos positions respectives, nous espérons cette année faire valoir le point de vue de nos actionnaires, fût-il au prix d’une opposition avec la BPI.

Recevez Monsieur, l'expression de nos salutations distinguées.

 

Bien cordialement, Le Bureau de l'Asamis

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