MBWS : UN COMMUNIQUE du 29 avril 2020 INQUIETANT
Le communiqué est de pure forme d’un côté mais inquiétant d’autre part par ce qu’il révèle.
Il répond en premier à la nécessité qu’il y avait d’informer les actionnaires sur le chiffre d’affaires du 1er trimestre et surtout du report de la publication des comptes 2019 encore d’un mois au 29 mai 2020 ainsi que du report de l’Assemblée générale annuelle le plus tardivement possible, le 31 juillet 2020. Il est nécessaire de préciser l’année car MBWS nous a habitué à des reports conséquents de ses engagements de publication et d’AG.
1 – Quelques informations positives tempérées par un futur immédiat incertain dû au confinement et sa suite.
Chiffre d’affaires au 1er trimestre 2020 = 61,7 M€ = + 1,4 M€ = + 2.5%
Cette croissance résulte principalement des « autres activités » qui reprend les ventes à SOBIESKY Trade reclassées en MDD. Ventes en vrac = + 30% liées notamment aux ventes d’alcool pour la production de désinfectants
Une bonne nouvelle : les ventes aux USA : + 35% qui témoignent de l’intérêt de l’accord de distribution passé avec le groupe SAZERAC ;
Les impacts de la crise du COVID 19 n’ont été que très partiellement ressenties sur ce trimestre. Les quelques infos positives : des mesures de précaution et d’hygiène très strictes mises en place, aucun site majeur du groupe en France n’est impacté.
Réactivité commerciale « Le groupe s’est concentré sur ses marques principales William Peel et Sobieski s’alignant ainsi sur les priorités de ses clients ».
2 – De nombreuses interrogations inquiétantes sur la gestion
2.1 Le deuxième aspect de ce communiqué tient à une formulation « baratin » au lieu de véritables informations. «…engagé dans son plan de transformation à moyen terme visant à réduire ses coûts et retrouver une rentabilité pérenne »
Aucune donnée chiffrée et aucun élément concret : Rien au sujet du déménagement du siège social, rien au niveau du plan de réduction des charges commerciales par le plan social visant 51 commerciaux.
2.2. les mesures prises pour s’adapter à la pandémie : du baratin encore. Rien de précis.
« Initiatives pour limiter les effets de la pandémie en prenant des mesures pour contenir sa base de coûts et en adoptant une politique stricte de préservation et de maîtrise de sa trésorerie »…Rien non plus sur d’éventuels impacts du COVID 19 en dehors des sites français.
Il aurait été plus simple de préciser que la rémunération du DG a été réduite de 25% avec suppression de tous ses éléments variables puisque la société a fait appel à l’Etat pour un moratoire sur ses charges sociales et fiscales.
Il aurait été plus clair d’annoncer combien de salariés ont été mis en chômage partiel, et quel montant de prêt a été accordé par l’Etat dans le cadre des mesures de soutien à l’activité.
3 – Une communication angoissante sur la pérennité du groupe
Le troisième aspect de ce communiqué réside dans des annonces angoissantes.
« Les conditions suspensives de l’Avance n°2 ne sont pas levées à ce jour et demeurent toujours incertaines, les discussions se poursuivent entre la Société et COFEPP sur les modalités éventuelles de financement intermédiaire du Groupe à bref délai. »
Rappelons que cette seconde avance en compte courant de la COFEPP prévoyait un apport de 17 millions d’euros qui devait être mise à disposition de MBWS au cours du premier trimestre 2020.
Elle ne l’a donc pas été (quid des nantissements prévus sur les marques ?) et par ailleurs les conditions de l’augmentation de capital prévue sont désormais semble-t-il, irréalisables.
Là aussi rappelons que le cours de souscription avait été fixé à 1,5 € cours auquel les actionnaires en dehors de la COFEPP étaient susceptibles d’apporter 34,8 millions d’euros.
Dans notre article du 24 décembre 2019 « MBWS sauvée mais quid du sort des minoritaires ? » nous avions signalé que le plan de financement prévu comportait une forte incertitude au niveau de la participation des actionnaires minoritaires.
Rappel du paragraphe 3.1 – UN APPORT DE CAPITAUX IMPORTANT MAIS OPTIMISABLE
"De l’hypothèse haute : 105,3 M€ à la plus basse : 79 M€, la différence est de 26,3 M€ soit 25%. Il s’agit d’un apport qui serait important puisqu’en capital…Soulignons que la COFEPP s’est engagée à souscrire à titre irréductible à hauteur de sa quote-part dans le capital social de MBWS et à titre de garantie, par compensation avec ses avances en compte courant (bridge 1 et 2) et des créances bancaires. Si l’offre COFEPP avait été plus attrayante, elle aurait entraîné une souscription plus importante apportant des capitaux frais supplémentaires à MBWS
Notons par ailleurs que désormais la probabilité d’apport de capitaux via l’exercice des BSA 2022 devient très faible puisqu’avec un capital accru, l’atteinte d’un cours de 3 euros devient plus difficile. Nous avions signalé précédemment que cela priverait l’entreprise de 49,3 M€ d’apports potentiels dont surtout les 34,8M€ qui auraient pu être apportés par les minoritaires si le cours de l’action avait dépassé 3 euros, ce qui les aurait incités à souscrire. Il reste possible de modifier les termes de ces BSA en proposant un échange de BSA comme MBWS l’a déjà fait dans le passé. Cela préserverait les intérêts des minoritaires mais aussi de la COFEPP car elle encore engagée à souscrire à 14,5 M€ au titre de ces BSA 2022. Et surtout elle contribuerait à apporter à MBWS un surcroît de capital qui pourrait s’avérer bien utile."
CONCLUSION :
Ce communiqué n’apporte aucune information réelle en réponse aux questions essentielles qui se posent aux partenaires de l’entreprise. Au-delà de son caractère formel sur le CA du 1er trimestre 2020, il sert principalement à annoncer, sans justification, le report d’un mois de la communication des résultats 2019 et aussi de la tenue de l’Assemblée générale.
Depuis la prise de contrôle voici un an de MBWS par la COFEPP, les actionnaires minoritaires qui ont accordé leur confiance à M. Jean-Pierre Cayard ont vu leurs avoirs être divisés par trois au niveau du cours de bourse et la valeur de leurs BSA devenir quasi nulle.
La crise du COVID 19 est un élément fragilisant pour toutes les entreprises et qui pourrait décider du sort des entreprises les plus vulnérables. En ce qui concerne MBWS ce contexte défavorable vient s’ajouter toutefois à des décisions conditionnant son financement par son principal actionnaire.
En effet les partenaires de l’entreprise sont informées par ce communiqué, que les conditions posées par la COFEPP à son soutien financier n’ont pu être réalisées ce qui pourrait signifier que la cessation de paiement avec ses corollaires du redressement et de la liquidation judiciaire qui avaient été écartées, redeviennent une préoccupation majeure.
En l’absence d’une communication à la hauteur des challenges de MBWS et de COFEPP, l’ASAMIS ne voit pas comment les actionnaires minoritaires pourraient continuer à soutenir son projet de redressement.