MBWS : Mais qui est BDL, ce fonds qui a pris 7% du capital ?

En préalable, rappelons que MBWS étant une société cotée, l’ASAMIS ne peut obtenir et ne cherche pas à obtenir d’informations privilégiées de BDL Capital Management. L’ASAMIS ainsi ne connait pas notamment l’objectif de BDL Capital Management. Ceci étant écrit, l’ASAMIS a fait des recherches d’information sur internet dont elle vous fait profiter et puis émet un avis, qui n’engage qu’elle bien sûr.

1 – BDL capital management : qui sommes-nous ?

Extrait du site officiel :

"BDL Capital Management est une société de gestion créée en 2005 et agréée par l'autorité des marchés financiers. (Elle gère) des fonds investis en actions européennes". Il est aussi précisé que de "nombreux clients particuliers et professionnels, partageant le même horizon d'investissement long-terme, (lui) font confiance depuis plusieurs années."

Retenons encore la philosophie d'action choisie par BDL

Extrait du site officiel :

a) Une gestion d'actifs fondamentale de bon sens
Nous croyons à un investissement basé sur les fondamentaux des entreprises. Nous avons cette idée forte qu'il y a des modèles économiques qui créent de la valeur pour leurs actionnaires et pour leurs employés sur la durée et d'autres non. Nous cherchons avant tout à investir dans les entreprises qui :
  • peuvent maintenir un retour sur capital élevé
  • dégagent de gros montants de cash flow et le redistribuent aux actionnaires.

Nos portefeuilles sont concentrés. Les entreprises choisies en toute indépendance sont nos plus grandes convictions, fruit d'un long travail d'analyse et de recherche…

b) Une gestion d'actifs dans la durée
Notre objectif est de préserver le capital et de réaliser des performances dans la durée. Autrement dit, c'est la recherche de la performance absolue.

c) Un cadre légal réglementaire pour la gestion d'actifs
Placer son argent, c'est sélectionner des experts indépendants en qui on peut avoir confiance, et qui agissent dans un cadre légal et réglementaire défini. Les fonds d'investissements proposés par BDL Capital Management sont agréés par l'Autorité des marchés financiers (AMF).

d) Une équipe de gestion impliquée
L'équipe comprend 10 collaborateurs. La sélection de nos investissements ne repose pas sur une seule personne. Elle est le fruit d'un travail de fond d'une équipe de gérants et d'analystes.

2 – Ce que dit encore l’internet sur les co-fondateurs de BDL Management :

2.1. D’abord et encore le site officiel. Il retrace le parcours des co-fondateurs et associés :

Thierry DUPONT : Diplômé de l'ESCP (1984) et de la Fédération Européenne des Associations d'Analystes Financiers, Thierry a travaillé chez Pechiney à Singapour puis chez Elf Atochem à Paris. En 1989, il a rejoint la société de bourse familiale Dupont-Denant, renommée Natexis Capital. Il a ensuite travaillé chez Morgan Stanley où il rencontre Hughes Beuzelin. En 2005, il crée BDL Capital Management. Thierry a participé aux travaux du Medef sur les hedge funds et représente BDL Capital Management au club de prospectives de l’AFII.

Hugues BEUZELIN : Diplômé de l'ISG en 1995, Hughes a travaillé à Londres chez Williams de Broë et au Crédit Suisse First Boston. Il a ensuite travaillé à Paris et rejoint en 2000 Morgan Stanley où il fait la connaissance de Thierry Dupont. En 2002, Hughes crée Boomerang Asset Management, société de gestion de droit français, qui gère le fonds Novalis Europe (novembre 2002-avril 2004). Il y recrute notamment Bastien Bernus. Il cède cette société en 2004 et crée BDL Capital Management où il gère le fonds BDL Rempart Europe qui devient en 2005 le premier fonds au statut Aria el (note de l’ASAMIS : Fonds de gestion alternative qui admet des investisseurs institutionnels)

2.2. Ensuite la presse : Pour les 10 ans de BDL en 2005, T. Dupont explique le parcours du fonds

Article des Echos du 03/03/2015 :

« En ce mois de mars, Thierry Dupont et son associé Hughes Beuzelin s'apprêtent à fêter les 10 ans de BDL Capital Management qu'ils ont cofondé en 2005.

Dix années de hauts et de bas qui ont amené la société de gestion alternative à côtoyer aujourd'hui les 700 millions d'euros sous gestion, un record dans son histoire. En 2008, avec la crise financière, elle avait vu ses encours passer de 85 à 35 millions d'euros.

« Il nous a fallu nous battre pour passer la crise de 2008. En 2009, nous avions ainsi transformé le statut Aria EL et le nom de notre fonds phare BDL Alternatif Europe, en fonds Ucits et BDL Rempart Europe. Cela nous a permis de conquérir la clientèle des investisseurs institutionnels. Ce fonds affiche aujourd'hui un encours de 640 millions d'euros », se réjouit Thierry Dupont.

Avec l'ex-BDL Alternatif Europe, BDL Capital Management revendique la création du premier fonds Aria EL en France, une enveloppe juridique que le régulateur français avait créée pour encadrer la gestion alternative.

Ce fonds peut en effet faire des opérations de ventes à découvert. Depuis, la crise est passée par là. La défiance envers la gestion alternative et de nouvelles contraintes réglementaires ont poussé beaucoup d'entreprises comme BDL à abandonner le statut Aria EL pour celui européen d'Ucits.

Remise de cette période difficile et ayant connu une année 2014 porteuse en termes de collecte, BDL compte désormais une vingtaine de salariés et devrait encore embaucher. Elle a aussi renforcé sa gamme avec un fonds actions traditionnel qui ne pratique pas la vente à découvert. »

3 – L’investissement de BDL Capital Management dans MBWS et la théorie du complot

3.1. L’argumentation du soi-disant complot

a) Le principal actionnaire de MBWS, à 29,47% est la COFEPP, société de Jean-Pierre Cayard, maison-mère du groupe de spiritueux La Martiniquaise qui dispose d'un large portefeuille de marques comme le whisky Label 5, la vodka Poliakov, le porto Porto Cruz ou les rhums Saint-James. Il se heurterait aux autorités de la Concurrence pour reprendre les marques de MBWS.

b) M. Jean-Pierre Cayard a négocié en 2011, le partage des marques d’une société de spiritueux pour répondre aux exigences des autorités de la concurrence, avec le groupe familial HAYOT. Or, l’une des filles de Bernard Hayot, Dorothée, est mariée avec l’un des co-fondateurs de BDL, M. Hughes Beuzelin.

c) Donc BDL selon ce raisonnement, serait partenaire de la COFEPP pour rééditer une opération de partage des marques chez MBWS.

Toutefois, il faut se méfier des sophismes qui sont souvent illustrés ainsi :
Tout ce qui est rare est cher.
Or ce qui est bon marché est rare.
Donc ce qui est bon marché est cher.

3.2. Les éléments qui soutiennent cette théorie du complot

- Le groupe Hayot est puissant et agit dans divers secteurs économiques dont l’agro-alimentaire
Extrait du journal France-Antilles du 16/11/2011 :

"Bernard Hayot a reçu des mains du président de la République, la cravate de commandeur de la légion d’Honneur, mardi soir à l’Elysée. « Bernard Hayot est un entrepreneur qui a construit un groupe de dimension mondiale enracinée dans sa Martinique natale », a déclaré Nicolas Sarkozy en entame de son éloge au récipiendaire. 6000 emplois, 2 milliards de chiffre d’affaires et une présence dans les secteurs de l’automobile, de la grande distribution, de l’agro-alimentaire et des matériaux de construction partout dans le monde (Antilles-Guyane, Nouvelle-Calédonie, Réunion, Chine, Maroc, saint-Domingue…)."



- Des relations d’affaires dans le secteur des spiritueux ont déjà eu lieu entre Cayard et Hayot :
[J.L.L.] Article de rayon-boissons.com le 11/02/2011

"La Martiniquaise rachète Quartier Français Spiritueux : Rebondissement. On attendait La Martiniquaise comme repreneur de Marie Brizard. Jean-Pierre Cayard crée finalement la surprise - ou presque, puisque Rayon Boissons avait évoqué cette possibilité en décembre dernier - en s’emparant de Quartier Français Spiritueux, la branche rhums et apéritifs sans alcool cédée par le sucrier Tereos. Le PDG de La Martiniquaise aurait déboursé entre 170 M€ et 180 M€ soit l’équivalent du chiffre d’affaires de l’activité rachetée.

Cette nouvelle opération de croissance externe réalisée par Jean-Pierre Cayard, deux ans après son « deal » avec Boisset, pourrait amener le N°2 français des alcools à franchir le cap du milliard d’euros de chiffre d’affaires (contre près de 900 M€ pour 2010). Mais l’addition n’est pas simple pour le propriétaire des rhums Dillon, Depaz, Saint-James, Bally, Old Nick, Grand Fond Galion, Domaine de Bellevue et Négrita qui s’empare théoriquement de La Mauny, Trois Rivières, Duquesne, Charrette, Rivière du Mât, Savanna ou encore New Grove, rare signature étrangère distillée à l’île Maurice avec le rhum brésilien Aguacana, déjà propriété de La Martiniquaise. Car l’Autorité de la Concurrence devrait restreindre ce qui ressemble à une position dominante.

Jean Pierre Cayard a parfaitement intégré cette limite. « L’autorité de la concurrence va sans doute nous contraindre à céder un certain nombre d’actifs aux Antilles. Nous y sommes préparés et nous nous sommes rapprochés de Yves et José Hayot », a-t-il de déclaré au Quotidien de la Réunion. Ainsi, La Mauny, Trois Rivières et Duquesne pourraient rejoindre Habitation Saint-Etienne (HSE) dans le portefeuille de cette partie de la famille Hayot. Bernard Hayot continuant pour sa part à piloter ses rhums Clément et J.M.

Reste le cas incertain de Charrette. Ce rhum vedette de la Réunion intéresse durablement La Martiniquaise qui ne le lâchera que contraint et forcé. L’administration considérera-t-elle que Charrette est de trop ?

En attendant, La Martiniquaise se réjouit de récupérer Bouguet Pau et ses marques d’apéritifs sans alcool Blancart, Palermo, Mister Cocktail et d’Artigny. Sans oublier le pôle MDD de Quartier Français Spiritueux nommé Fauconnier. Enjeu tout aussi important pour celui qui est déjà champion sur l’entrée de gamme. »

3 – le point de vue de l’ASAMIS

a) L’ASAMIS tout d’abord constate que BDL est société de gestion performante dans son créneau des fonds de placement alternatifs :

Article sur NEWSManagers.com le 19/01/2017

Le BDL Capital Management signe discrètement une remarquable croissance : En 2010, BDL Capital Management franchissait la barre des 100 millions d'euros d'encours. Six ans plus tard, la société de gestion indépendante créée en 2005 affiche un encours de 1,7 milliard d'euros.

Cette forte croissance s'explique surtout par le succès du fonds vedette de la société, le BDL Rempart Europe, un fonds " long/short" sur les actions européennes géré par Hughes Beuzelin, l'un des co-fondateurs de BDL, et qui affiche désormais un encours de 1,4 milliard d'euros. " Cette croissance, qui a été régulière, résulte de la conjonction de plusieurs facteurs : une bonne performance de notre fonds phare sur la durée, une bonne résistance dans les phases de baisse, et le fait de proposer le bon produit au bon moment. Nous avons aussi récolté les fruits d'un long travail de pédagogie autour du long/short, réalisé par nos équipes de vente dès la création de la société " , explique Thierry Dupont, associé fondateur de BDL. " Nous profitons aussi de la qualité et de la stabilité de nos équipes " , ajoute-t-il. La société compte aujourd'hui 27 salariés, dont 12 analystes et trois gérants. Ces derniers sont tous investis dans les fonds. " Pour nous, il est important que le cuisinier mange sa recette " , insiste le dirigeant.

En 2016, BDL a continué à croître et à se développer. Ainsi, la société, qui a enregistré des souscriptions nettes de 350 millions d'euros sur l'année, a recruté trois analystes, un commercial et une personne à la conformité. Elle a aussi lancé un troisième fonds. Appelé Durandal et géré par Maxime Hayot, ce fonds " global macro" vient rejoindre le fonds" long/short" de la gamme et le fonds "long only".

Cette année, les projets ne manquent pas non plus. BDL souhaite encore renforcer son équipe d'investissement. Côté commercial, maintenant qu'elle juge avoir atteint une taille critique, elle cherche à s'ouvrir à l'international, qui représente actuellement 20 % de ses encours. Cela permettra de poursuivre la diversification de la clientèle, aujourd'hui composée à 37 % d'institutionnels, 46 % de banque privée et 16 % de conseillers en gestion de patrimoine. Avec, en tête, l'objectif des deux milliards d'euros d'encours sous gestion...

b) L’ASAMIS estime favorable que BDL capital management ait choisi de s’intéresser de façon spectaculaire à MBWS.

BDL a analysé la situation et jugé que ce groupe possède de la ressource, ce qui est évidemment notre avis. Cette société de gestion avait tous les moyens pour apprécier le potentiel de MBWS.
BDL espère évidemment faire une importante plus-value sur son investissement. L’ASAMIS le lui souhaite car cela voudra dire aussi que tous les actionnaires minoritaires verront également leur portefeuille se revaloriser.

c) L’ASAMIS considère que BDL n’est pas un fonds activiste

L’ASAMIS considère au vu de sa philosophie de gestion affichée et de son historique que BDL n’est pas un fonds activiste, du genre des « raiders » qui font des plus-values en cassant l’entreprise pour la vendre par appartement. Elle affiche une politique d’investissement à long terme : dont acte.
Nous n’accordons pas une importance exagérée aux liens familiaux de M. Beuzelin. Seul l’avenir nous dira si la théorie du complot était fondée. Quoi qu’il en soit, l’ASAMIS estime que BDL est appelée à jouer un rôle au niveau de l’évolution du capital et que cela débloquera espérons-le la situation.
Dans l’immédiat, nous constatons que les fondateurs ont su, avec une équipe aujourd’hui étoffée, développer cette société de gestion alternative de façon indépendante.

Par ailleurs, BDL sait investir : elle a pris une part significative du capital à un niveau de cours très bas et sans le faire varier sensiblement. Elle a ainsi la possibilité de continuer à investir en conservant un PRU très compétitif.

Au final, l’ASAMIS considère positivement l’arrivée de BDL.

Celle-ci est une deuxième bonne nouvelle après l’arrivée d’Andrew Highcock comme Directeur général. Nous attendons maintenant que cela se concrétise notamment dans le cours de MBWS qui intègre tellement d’incertitudes.

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