L'Asamis vous dévoile une lettre que nous rendons publique désormais :
Lettre ouverte à M. Eric LEFEBVRE (Directeur BPI Participations),
Copies à M. Nicolas DUFOURCQ, Directeur Général BPI, M. Bruno LE MAIRE, Ministre de l’Economie et des Finances, Mme Odile RENAUD-BASSO, Secrétaire Générale du CIRI.
Monsieur,
A l’occasion des Assemblées générales des 23 et 24 mai d’ANTALIS et SEQUANA, notre association portera les questions suivantes qui concernent BPI Paticipations en qualité d’Administrateur qui est aussi le premier actionnaire, le principal créancier de Sequana.et de plus, le deuxième actionnaire d'Antalis.
Par le biais de prêts accordés à Sequana, BPI France peut, à son initiative, demander le remboursement total ou partiel desdits prêts en actions Antalis afin, pour l'heure, de monter à 29.01 % du capital d'Antalis, ceci avec une décote de a minima 10 % par rapport à une moyenne de cours cotés.
Ce montage ressemble à un PACEO ou Equity Line qui ne dit pas son nom. La différence est que, au lieu d'une émission d'actions Sequana avec décote comme il serait d'usage dans le cas d'un PACEO, il s'agit là d'une émission de prêts remboursables en actions Antalis; ce qui revient pour Sequana à une conversion de dette en fonds propres.
- BPI France ne considère-t-elle pas être en "conflit d'intérêt" en étant à la fois actionnaire, administrateur et créancier de Sequana, de même que deuxième actionnaire d'Antalis ?
Cette quadruple casquette lui permet, en effet, d'avoir une parfaite connaissance de la situation financière de Sequana, d'être "juge et partie" dans la définition des taux d'intérêt des prêts, de mesurer pleinement sa capacité – ou son incapacité – à honorer les remboursements de ces mêmes prêts et, conséquemment, de pouvoir anticiper bien à l'avance sa montée au capital d'Antalis. Subsidiairement, BPI France, via BPI Participations, n'agit-elle pas en "soutien abusif" à l'égard de Sequana ?
- BPI France ne considère-t-elle pas que le montage financier desdits prêts ne respecte pas le principe d'égalité de traitement des actionnaires d'Antalis ?
BPI France, en tant que créancier de Sequana, bénéficie du privilège de pouvoir monter au capital d'Antalis avec une décote significative, privilège qui serait compréhensible dans le cadre d'un PACEO relatif à Sequana uniquement, mais qui l'est moins lorsqu'il concerne sa filiale Antalis; les actionnaires minoritaires d'Antalis ne peuvent pas, en effet, s'opposer à la mise en œuvre de prêts concernant Sequana.
- BPI France ne considère-t-elle pas que le mécanisme desdits prêts peut induire une pression baissière permanente sur les cours d'Antalis – phénomène bien connu des sociétés qui ont recours aux PACEO – ?
Les actionnaires d'Antalis subissent, en effet, les conséquences boursières liées à des prêts qui ne les concernent pas directement.Subsidiairement, BPI France a-t-elle conscience que le mécanisme desdits prêts rend suspecte la baisse des cours de quasiment moitié depuis l'introduction d'Antalis ?
En effet, nul investisseur potentiel majeur n'osera prendre position à l'achat sur Antalis sachant que plus le cours baisse plus ladite baisse favorise les intérêts de BPI France dans sa montée au capital.
Subsidiairement encore, pour le cas où BPI France aurait conscience de l'impact négatif desdits prêts sur l'évolution des cours d'Antalis depuis l'introduction, BPI France ne devrait-elle pas demander au plus vite le remboursement partiel en actions Antalis – les cours d'Antalis sont déjà très favorables - ?
Ceci clarifierait la situation à l'égard du marché qui ne déteste rien moins que l'incertitude.
- BPI France, eu égard à l'échec patent de l'introduction d'Antalis, ne devrait-elle pas envisager de monter au-delà de 29.01 % du capital d'Antalis, prendre son contrôle via l'exercice total des nantissements liés aux prêts, puis retirer Antalis de la cote via une OPA puis une OPR ?
Même si elle devait lancer une OPA/OPR sur la base du cours d'introduction de 3.00 €, le prix de revient de BPI France serait bien inférieur à ce cours pourtant vanté, à l'époque, comme justement valorisé.
Recevez Monsieur, l'expression de nos salutations distinguées.
Note : Un PACEO (Programmes d'Augmentation de Capital par Exercice d'Options) plus souvent appelé Equity Line (littéralement en français « ligne d'actions »), est une technique de financement par augmentation de capital apparue au début des années 2000. Cette augmentation de capital échelonnée dans le temps est réservée à un organisme financier avec qui l'entreprise passe un contrat, en déterminant une enveloppe globale de financement, la durée de tirage autorisée, et les modalités de calcul des prix d'émission. Après la délivrance de bons de souscriptions d'actions, l'entreprise demande à l'organisme financier, au fur et à mesure de ses besoins, de souscrire des actions à son capital, lesquelles sont en général revendues immédiatement sur le marché financier. Après une première phase de neutralité, l'AMF a considéré que ce type de financement visait à transférer le risque sur le public, et a encadré son usage pour les sociétés inscrites sur un marché réglementé.