Des actes forts et pas uniquement des mots

Cher Actionnaire,

La communication de Sequana : un aveu de faiblesse

L'Asamis attendait une clarification de Sequana face à la confusion générale. Si Sequana s'efforce dans un communiqué de corriger les informations parcellaires et erronées présentes sur les forums d'actionnaires, elle met indirectement en lumière son incapacité à communiquer clairement. Ce point, jugé clair, synthétique et compréhensible, aurait dû être publié bien plus tôt et non sous la pression de ses actionnaires et de l'Asamis.

Sequana s'intéresse-t-elle vraiment à ses actionnaires ?

Sequana dit s’inquiéter de l’intérêt de ses actionnaires. Si elle s’intéresse à ce point à leur cas :

  • Elle devrait s'interroger notamment sur les raisons et les responsabilités qui ont amené à perdre l'intégralité de la valorisation boursière de Sequana en 10 années d'exercices, soit 99%. Si Sequana ne tient que par les perfusions financières de BPI France, sa direction, elle aussi, ne tient en place que par le seul aval de BPI France.
  • Elle devrait défendre le cours de son action en bourse, l'exposant plus que jamais à une OPA au rabais. L'Asamis a de multiple fois demandé le déclenchement d'un programme de rachat d'actions. Ce programme, ayant reçu l'aval de l'AG, impliquerait peu de ressources financières au regard de ce qui a été gaspillé lors de l’émission d'obligations avortée et au regard du cours à son plus bas niveau historique.
  • Elle devrait afficher sa confiance via l'acquisition d'actions sur le marché par le Président-Directeur Général en son compte propre et le faire savoir au marché via l'obligation AMF (un formulaire à remplir + 750 € de frais, accessible au regard du salaire perçu).
  • Elle devrait refondre sa politique de communication et communiquer régulièrement au marché l'actualité de ses filiales (ex : la gamme Powercoat avec l'accord FDA et le contrat avec Sony, etc). L'Asamis a déjà exprimé cette demande, notamment lors de l'AG.

Les points négatifs du communiqué :

  • Un manque de visibilité sur l'utilisation des 78 M€ résultant des emprunts de BPI France et de la vente d'Arjowiggins Security BV.
  • Des incertitudes sur les besoins de trésorerie futurs. Sequana pourrait être amenée à céder d'autres titres afin de disposer, le moment venu, des ressources nécessaires à son exploitation ou à l'exécution de ses obligations.
  • La situation opérationnelle d'Antalis :
    • Différentes alternatives en étude pour refinancer ses lignes de crédit.
  • La situation opérationnelle de Sequana :
    • La division graphique est confrontée à une augmentation du coût des matières premières, compensée partiellement par l'augmentation des prix de vente.
    • La division papiers de création devrait continuer à subir la pression sur les volumes de papiers fins et la détérioration du mix produits dans ce segment.
    • La division sécurité : Sequana entend céder cette division actuellement déficitaire et entamer un processus en ce sens, qui, s'il ne devait pas aboutir, pourrait conduire à une restructuration. Estimation de l'Asamis : 35 millions.
    • Le litige BAT : Sequana estime probable que la décision de la Cour d’appel de Londres intervienne au plus tôt au cours du second semestre 2018.

Et les points positifs du communiqué :

  • Soutien confirmé de BPI France, qui a accordé les prêts nécessaires et accru sa participation au capital d'Antalis.
  • Potentiel de ressources pour Sequana de vendre encore 54,8% du capital d'Antalis, soit une ressource variant entre 74 M€ et 117 M€ suivant les cours de référence.
  • Pas de cessions de titres au fil de l'eau mais par blocs pour ne pas peser sur les cours.
  • La situation opérationnelle d'Antalis :
    • Un CA 2017 en léger recul mais une marge d'EBITDA en légère progression.
    • Une confiance dans la capacité à mettre en place un refinancement AVANT la publication des comptes 2017 (soit juin 2018).
  • La situation opérationnelle de Sequana :
    • Les divisions Graphique et Papiers de création généreront toutes les deux un cash-flow positif sur 2017 comme dans les années à venir.
    • Une annonce à venir dans les prochains mois de la cession de la division déficitaire d'Arjowiggins Security.

Au final, le communiqué donne surtout des précisions (toujours bienvenues) sur les opérations de financement passées et réitère des informations favorables sur Antalis et de Sequana. Manifestement, ce communiqué nécessaire n'a cependant pas été jugé suffisant pour redonner confiance aux investisseurs et inverser durablement la tendance.

Pourquoi ?

  • Parce qu'il n'a pas été accompagné de décisions de gestion en reconnaissance de l'échec du refinancement d'Antalis. Au Japon, les dirigeants seraient venus devant les médias et se seraient inclinés en signe de demande de pardon, suite à la perte de 4 millions d'euros. Chez Sequana - Antalis, il n'y a ni responsable ni coupable...donc aucun besoin d'un allègement exceptionnel des charges de fonctionnement au niveau de la direction (bonus, salaires, organisation, conseil d'administration).
  • Parce qu'il y a pas eu de levée des incertitudes sur le refinancement d'Antalis.
  • Parce qu'il n'y a pas de concrétisation à court terme des cessions, mais encore de lourdes incertitudes sur les besoins de financement.
  • Parce qu'il n'y a pas d'investisseurs autres que BPI France, dont tout le monde sait qu'elle n'a pas vocation à rester au capital.

Quelle confiance méritent les dirigeants de Sequana ?

Nous attendons des actes forts et pas uniquement des mots. Des actes, aussi petits et symboliques soient-ils, mais des actes. Les actionnaires ont depuis longtemps perdu confiance dans la direction de Sequana, et l'Asamis l'a amplement fait savoir lors de l'AG.

En avril 2016, lors de la présentation des résultats, Pascal Lebard ajoutait que 2016 était la première année post-restructuration et que les problèmes étaient derrière nous. Dans une lettre adressée aux actionnaires, 21 jours ouvrés avant la fin du S1 2016, Pascal Lebard confirmait les objectifs et affirmait sa confiance en l’avenir pour ensuite publier un avertissement sur la dégradation des résultats et la non-atteinte des objectifs.

Sequana nous avait répondu lors de l'AG, sous le feu de nos critiques, que "Pascal Lebard n’a fait que relayer une information estimée de fin d’année, sans affirmer de certitude".

L'Asamis a consulté la définition du terme "confirmer" dans le Larousse :

  • Affirmer, parce qu'on est bien informé, autorisé à le faire ou après un certain temps de réflexion, que ce qui a été dit, demandé ou fixé auparavant est (toujours) valable.
  • Apporter ou être la preuve qu'un jugement est juste ou fondé, qu'un fait est exact, vrai.

Le Président-Directeur Général fait visiblement preuve d'incompétence parce que, n'étant pas bien informé, il "confirme... sans être certain", d'après les propos même de Sequana. Après le fameux "responsable mais pas coupable" de Georgina Dufoix dans le scandale du sang contaminé, nous avons dorénavant le "Je confirme mais je ne suis pas certain" de Pascal Lebard dans le scandale de la communication non fiable de Sequana.

Arguments juridiques solides, oui mais encore ?

Concernant l'affaire BAT, Sequana continue de penser qu’elle a des arguments juridiques solides à faire valoir en appel tout en rappelant la date de juin 2018 pour les prochaines audiences. Sequana estime probable que la décision de la Cour d’appel de Londres intervienne au plus tôt au cours du second semestre 2018. Lors de notre entretien avec la direction générale, il en était ressorti une estimation prudente à fin 2018.

Ces arguments juridiques solides, longtemps mis en avant par Sequana, ont dû être exposé à la High Court of Justice de Londres, et par la même occasion à la partie adverse. De fait, ces arguments juridiques jugés "solides" par Sequana n'ont pourtant pas suffi à lui éviter une condamnation à verser 135 millions d'euros, majoré d'intérêts de 17 millions d'euros, à BAT, avec sursis à exécution.

A ce jour, seuls les actionnaires n'ont pas connaissance de ces arguments et ne peuvent juger par eux-mêmes de la solidité de ceux-ci. Difficile de faire confiance au jugement de la direction de Sequana au regard de l'accumulation des ratés de celle-ci.

Si les arguments juridiques solides au titre de l'article de l'application de l'article 423 de l'Insolvency Act concernant le second dividende ont déjà été communiqué à la partie adverse, Sequana pourrait-elle les communiquer aux actionnaires dans un effort de transparence ?

L'Asamis réitère ses demandes

Nous attendons :

  • Des décisions exemplaires des dirigeants pour qu'ils compensent, dans une certaine mesure, le coût des 4 millions qu'ils ont fait perdre à Antalis en prenant le risque (qui s'est avéré réel !) d'un échec de l'opération de refinancement international qu'ils ont avalisée : abandon des bonus/primes de l'exercice 2017, effort exceptionnel sur leurs rémunérations, et diminution du nombre de membres du Conseil d'administration ainsi que du montant des jetons.
  • Des accords rapides sur les plans de cession de Crèvecoeur et de Wizernes, et la signature des accords de cession des secteurs déficitaires.
  • Une pause dans les opérations de croissance externe, qui aggravent l'endettement, et un recentrage sur les marchés rentables afin de dégager des marges pour renforcer le cœur de métier.
  • De lever le plus tôt possible l'incertitude sur le refinancement d'Antalis.
  • Un soutien de BPI France non seulement financier à court ou moyen terme, mais aussi en s'impliquant (c'est son métier !) dans la recherche d'un investisseur de référence pour Sequana et aussi au niveau d'Antalis, pour conclure une alliance (par exemple avec un distributeur allemand) qui serait complémentaire au niveau du réseau.
  • Un renouvellement de l'équipe dirigeante pour de nouvelles perspectives et rétablir la confiance du marché. L'Asamis suggère fortement la démission de Pascal Lebard, effective dans 6 mois, sans indemnités (renoncement ou suppression de la clause lui octroyant une confortable prime de départ !). Démissions attendues également de certains membres de son équipe.
  • Une communication régulière en direction des actionnaires sur tous les aspects concernant les sociétés.

Sequana vivra et Antalis aussi. Des décisions restent à prendre en urgence pour mériter le soutien exceptionnel de l'Etat via BPI France, et les efforts des partenaires sociaux et des actionnaires fidèles qui n'ont que trop souffert d'une restructuration longue et pénible. L'Asamis renouvelle sa confiance dans le devenir de ces entreprises qui, dans des marchés certes difficiles, conservent un rôle de premier plan et doivent pouvoir retrouver une rentabilité acceptable à court terme.

Oui, l'histoire continue de s'écrire et s'écrira désormais espérons-le plus positivement pour Sequana et Antalis si des mesures plus responsables et respectueuses des intérêts des actionnaires minoritaires étaient enfin prises.

Cordialement,
Le Bureau de l'Asamis

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